Hello les amis,
JâespĂšre que la semaine fut riche en magnĂ©sium et que vous ĂȘtes dâattaque pour sauver le systĂšme de retraite en envoyant les vieux travailler dans le mĂ©taverse.
Vos retours sur les arbres dâinformations Ă©taient encourageants mais mitigĂ©s, et je dois revoir ma copie afin de trouver le bon Ă©quilibre entre exhaustivitĂ© et simplicitĂ©.
Cette semaine je vous propose dâexpĂ©rimenter un nouveau format oĂč je traite 3 idĂ©es reçues sur un sujet Ă dĂ©bat, toujours avec lâobjectif dâimaginer une meilleure maniĂšre de consommer lâinformation pour Ă©viter lâ0verdose. NâhĂ©sitez pas Ă me dire ce que vous en pensez pour que jâitĂšre !
Et pour me lancer, petit retour aux sources en parlant Finance (mon sujet de prĂ©dilection) et en particulier des⊠đż Dividendes đż
Unboxing de la semaine : Les dividendes, câest pas bien, et ça sert Ă rien.
Tout est rĂ©sumĂ© dans cette infographie pour ceux qui nâont pas le temps, et je vais dĂ©velopper mes arguments ci-dessous pour les plus curieux dâentre vous.
A chaque fois que jâĂ©voque le sujet avec mes proches, on me regarde comme si jâavais Ă©tĂ© victime dâun lavage de cerveau socialo-marxiste. Et pourtant, vous verrez que mes arguments sont trĂšs capitalo-picsouistes.
Ce sujet me passionne, et pour cause, les dividendes font partie des pratiques ancestrales que personne ne remet en cause mais qui nâont vraiment aucun sens (comme payer 10⏠par KG de supplĂ©ment bagage chez Easyjet alors que mon billet coĂ»te le mĂȘme prix que celui de la personne en situation dâobĂ©sitĂ© morbide assise Ă ma droiteâŠ).
IdĂ©e reçue n°1 : Les dividendes enrichissent les actionnaires - â FAUX
Le versement de dividendes est une opĂ©ration Ă somme nulle. Une action qui vaut 100⏠et verse un dividende de 10⏠vaudra immĂ©diatement 90⏠aprĂšs le versement du dividende. Le versement de dividende nâenrichit pas lâactionnaire, câest un simple retrait au distributeur de billet qui aurait pu ĂȘtre rĂ©pliquĂ© en vendant une petite partie de vos actions pour vous offrir un âdividende synthĂ©tiqueâ.
Câest une opĂ©ration purement psychologique qui coĂ»te des milliards aux entreprises et nâapporte rien Ă lâactionnaire, si ce nâest lâillusion que lâentreprise se porte bien car elle reverse ses bĂ©nĂ©fices. Bienvenue dans la matrice, inutile dâĂ©piloguer lĂ -dessus.
IdĂ©e reçue n°2 : Les dividendes, câest de lâargent en moins pour les salariĂ©s et pour lâinnovation - â
VRAI
Jâai posĂ© la question lâannĂ©e derniĂšre Ă mon ancien prof de Finance Ă lâESCP suite Ă une (excellente) confĂ©rence sur les dividendes dont la prĂ©sentation commençait avec cette slide (Ă visĂ©e sarcastique, et pourtantâŠ) :
Sa réponse :
Vous partez du postulat que le dividende est versĂ© au dĂ©triment de la R&D ou de l'investissement, ce qui n'est pas nĂ©cessairement le cas. Bien Ă©videmment, payer des dividendes au dĂ©triment des besoins en investissement est suicidaire. Une entreprise qui arrĂȘte d'investir est condamnĂ©e Ă la disparition. si vous ne prenez pas le changement par la main, il vous prendra par la gorge ... D'ailleurs, lorsqu'on parle de Free Cash flow pour Ă©valuer une entreprise, on intĂšgre les besoins d'investissement. Pourquoi ce cash est free? Il est libre de tout engagement. On a payĂ© les salaires, les fournisseurs, les crĂ©anciers, l'Etat mais aussi le BFR (investissement court terme) et le Capex (investissement long-terme).
Mmmh⊠Donc si jâachĂšte une tĂ©lĂ© Ă©cran plat 85â plutĂŽt que des cours particuliers pour mon enfant qui a des difficultĂ©s en Maths (aprĂšs tout jâai dĂ©jĂ payĂ© son Ă©cole privĂ© Ă cet ingrat), alors ce nâest pas Ă son insu ?
Câest ce quâon appelle un arbitrage, et les entreprises qui versent des dividendes arbitrent en faveur dâun geste purement psychologique plutĂŽt que de financer des innovations de rupture ou de compenser leur empreinte carbone. Jâen connais dâautres Ă qui il faudrait payer des cours de maths đ€Ą (je taquine, jâai beaucoup de respect pour ce Monsieur)
IdĂ©e reçue n°3 : Les entreprises qui ne versent pas de dividendes sont moins attractives et les actionnaires partiront - â FAUX
Seulement la moitiĂ© des entreprises cotĂ©es versent des dividendes et ce chiffre est en chute libre depuis une vingtaine dâannĂ©es (ex : Google nâen a jamais versĂ©, est-elle moins attractive pour autant ?).
La vĂ©ritĂ© est la suivante, il existe 2 types dâentreprises cotĂ©es en bourse :
Les Stocks âGrowthâ (croissance) : Des entreprises innovantes qui rĂ©-investissent lâensemble de leur profit, quand elles en ont, en R&D afin de devenir leader et casser leurs marchĂ©s â Gros potentiel de hausse du prix de lâaction mais pas de dividende
Les Stocks âIncomeâ (revenu) : Des entreprises matures qui ont atteint leur rythme de croisiĂšre et attirent les investisseurs en garantissant un revenu rĂ©current â Faible potentiel de hausse du prix de lâaction mais des reins solides et un revenu rĂ©current garanti
Vous miseriez sur quel cheval ? La jeune entreprise dynamique qui va rĂ©volutionner le monde ou la vieille entreprise qui doit utiliser des mĂ©thodes psychologiques de bas Ă©tage pour attirer les investisseurs plutĂŽt que de se rĂ©inventer en continu ? (Comme vous pouvez le voir, je nâai pas dâopinion sur la question đ )
Mais alors pourquoi diable verse-t-on des dividendes ? Je nâai pas trouvĂ© Ă date dâautres rĂ©ponses que lâaspect psychologique qui pousse les investisseurs Ă investir dans ces actions âIncome", et ainsi maintenir le niveau de lâaction Ă un prix Ă©levĂ© (si vous avez dâautres rĂ©ponses, par pitiĂ© partagez-les moi).
Mais alors vous devez vous dire âĂ quoi bon maintenir le niveau dâune actionâ ? La bourse est un marchĂ© secondaire qui nâimpact pas lâentreprise (hors signal psychologique de santĂ© financiĂšre et les questions de valorisation), sauf que⊠Les bonus du Top Management sont dans une Ă©crasante majoritĂ© calquĂ©s sur le prix de lâaction đ€Ą (et il est plus simple de distribuer de lâargent ou racheter des actions que dâinnover et construire lâavenir).
Alors, de quoi débat-on ?
Pour contrer cette pratique, on pourrait Ă minima imaginer lâobligation dâun bilan social et Ă©cologique positif avant de pouvoir verser des dividendes. Mais peut-on rĂ©ellement forcer les entreprises ?Â
Il nây a rien dâillĂ©gal Ă verser des dividendes, aprĂšs tout, une entreprise privĂ©e est libre de ses agissements. Et une telle mesure devrait ĂȘtre prise Ă lâĂ©chelle mondiale, on sait Ă quel point il est difficile d'interfĂ©rer dans la libertĂ© des marchĂ©s⊠Le dĂ©bat câest donc celui de la rĂ©gulation de la finance, des marchĂ©s, et surtout de lâingĂ©rence de lâEtat (ou autre institution) au sein des entreprises privĂ©es pour favoriser le bien commun plutĂŽt que la poursuite des intĂ©rĂȘts individuels (coucou Adam Smith).
VoilĂ , jâespĂšre que vous avez appris des choses, merci Ă tous ceux qui mâenvoient leur feedback & suggestions de thĂ©matiques, je les traite sans faute dans les prochaines semaines !
Surtout continuez Ă mâenvoyer vos retours en rĂ©pondant Ă cet email, et, ensemble, nous arriverons peut-ĂȘtre Ă imaginer une meilleure maniĂšre de sâinformer đ€
Bisous,
Terence.
La pépite de la semaine (bonus)
On vous cache des choses⊠Voici une vidĂ©o qui rĂ©vĂšle en avant-premiĂšre un Ă©levage de bĂ©bĂ©s Diplodocus des millions dâannĂ©es aprĂšs lâextinction des dinosaures. La prophĂ©tie de Jurassic Park Ă©tait donc vraie !
Bon, il sâagit en fait dâune vidĂ©o de Suricates qui est jouĂ©e Ă lâenvers. Câest assez gĂ©nial, jâai mis du temps Ă comprendre (et câest encore mieux avec la musique de Jurassic Park).
PS : NâhĂ©sitez pas Ă partager cette newsletter Ă vos amis qui raffolent des dividendes âŹïž
Les dividendes sont la matérialisation du retour sur investissement aux actionnaires. La bourse et les exemples donnés de Google ne sont pas de bons exemples car justement les valorisations boursiÚres sont basées sur les profits futurs et donc LA CAPACITà A PAYER DES DIVIDENDES. Bien entendu que lorsque celui-ci est payé le cours de l'action baisse et c'est mécanique.
Google n'a pas payĂ© de dividendes mais comme toutes les techs font des rachats d'actions ce qui vient au mĂȘme, redistribuer les excĂ©dents gĂ©nĂ©rĂ©s aux investisseurs.
Les divisendes ne doivent pas ĂȘtre analysĂ©s sous l'angle de la bourse et se la spĂ©culation mais dans une logique entreprenariale : a qui sont dĂ»s les profits gĂ©nĂ©rĂ©s grĂące Ă au capital investis. Un coiffeur qui est le seul actionnaire a le choix en fin d'annĂ©e d'ouvrir un deuxiĂšme salon (ne pas verser de dividendes et rĂ©investir, pour plus de profit plus tard) ou se payer un dividende qui n'est autre que le fruit de son travail et de son investissement.
La logique pour Total, LVMH ou Google est la mĂȘme