Le Grand Remplacement, si seulement...

3 idées reçues sur une théorie tabou pourtant très diffusée

Hello les amis,

J’espère que votre semaine fut riche en transport en commun. Sans transition, c’est parti pour une newsletter haute en couleur !

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Au programme de cette édition (~7mins de lecture) :

🧐 Unboxing de la semaine : Le grand remplacement, zoom sur une théorie tabou pourtant très diffusée

🤯 Idiocracy : D’où vient l’inflation ?

📔 Journal intime : Des conversations riches, de l’art digital et un voyage au pays de la propagande

🎁 La pépite de la semaine : Les hippopotames de Pablo Escobar

3 idées reçues autour du “Grand remplacement”

Ce sujet, je ne vais pas le cacher, fut difficile à traiter. Et ce pour plusieurs raisons :

• Premièrement parce que je n’en ai rien à cirer du grand remplacement. Le concept de race est une construction sociale héritée d’un passé impérialiste obscure durant lequel l’homme pâle considérait les autres comme des animaux (à une époque où les animaux n’étaient pas aussi bien traités qu’aujourd’hui, c’est pour dire). Ce serait super si on pouvait passer à autre chose.

• Deuxièmement parce que c’est un concept inventé et développé en France (cocorico - pas surprenant car en matière d’impérialisme on était les champions). D’abord par Jean Raspail dans son roman “Le camp des saints” publié en 1973, une fiction où il décrit la submersion de l’Europe par des migrants. Puis par l’odieux personnage Renaud Camus qui écrit en 2012 “Le Grand remplacement” où il explique la colonisation inversée de l’occident et le génocide blanc. La suite on la connaît, il a inspiré de multiples attentas racistes, a propulsé Zemmour au devant de l’opinion publique, et a largement inspiré Donald Trump et sa paroisse.

• Et enfin parce que durant mes recherches, je suis tombé dans le “rabbit hole” des conspirationnistes, où l’adjectif “raciste” commence à peine à décrire l’ampleur de leur haine des non-blancs. J’y ai perdu une petite partie de mon âme et une grosse partie de ma foi en l’humanité, donc j’espère que mon analyse vous éclairera et que vous n’aurez pas à faire cet exercice…

Idée reçue n°1 : La population blanche diminue en proportion avec le temps - ✅ VRAI (mais on en tire les mauvaises conclusions)

Il faut commencer par une définition de ce que veut dire blanc, et cela pose déjà des problèmes.

Personnellement, je suis tellement blanc que je dois mettre de la crème solaire tous les matins. Pourtant mes origines sont majoritairement Italiennes et Irlandaises, des populations qui n’étaient pas considérées comme blanches au 19ème et début du 20ème siècle quand elles ont émigrées en France ou aux Etats-Unis, car pauvres et “sales”.

Ce problème de définition perdure, aux Etats-Unis chaque année le “census” interroge les citoyens sur leurs origines afin de générer de statistiques raciales (interdites en France pour cause d’incompatibilité avec le modèle d’intégration républicaine). Ce census montre une chute vertigineuse de la proportion de blancs depuis les années 60, et fait penser à un scénario de disparition des blancs et d’immigration massive.

La réalité c’est que dès que vous avez un parent d’origine autre que “Blanc seulement, non hispanique” vous tombez dans la catégorie “multirace” aussi nommée “minorité”. En 2018, 2/3 des enfants qualifiés de minorités étaient nés d’un parent blanc, sont sûrement physiquement plus blancs qu’un Corse, mais sortent des statistiques de population blanche.

Je ne vais pas m’éterniser là-dessus car ça m’énerve, entre le problème initial de définition et l’ineptie des statistiques raciales, on comprend bien que cet exercice de classification n’a aucun sens.

En revanche, il est intéressant de noter que le “déclin” de la population blanche est principalement lié aux dynamiques démographiques (natalité et structure d’âge). De surcroît, il est bon de rappeler que l’hégémonie blanche du 20ème siècle était une aberration démographique liée au progrès de la science dans l’occident.

Ce que certains appellent le “grand remplacement” est en fait un retour à la moyenne où la proportion de blanc sur la planète revient petit à petit au niveau auquel elle était avant cette aberration démographique. Sauf que la colonisation et plus tard la mondialisation et l’immigration ont redistribué les cartes : il y a une part grandissante de non-blanc en Europe, mais il y a également énormément de blancs là où il n’y en avait aucun à la base (coucou l’Amérique).

En bref, il n’y a pas de grand remplacement, mais un retour à la moyenne et une redistribution croisée.

Idée reçue n°2 : Ils nous volent notre travail - FAUX ❌

Cette phrase peut faire sourire, mais pour une grande partie de la classe populaire, en Europe comme en Amérique, l’immigration et le fameux “grand remplacement” sont jugés responsables de la dégradation de leur situation économique et de la perte de leur emploi. Les gouvernements successifs naviguent à souhait sur cette promesse populiste : “nous allons protéger vos emplois” - comprenez “nous allons limiter l’immigration”.

Il faut prendre un peu de recul :

• L’OCDE nous dit que l’immigration dans l’occident est une opération nette positive de création d’emploi (et pour ceux qui doutent encore, le rapport montre clairement que les migrants payent plus d’impôts qu’ils ne reçoivent de subventions…)

• La plus grande migration de l’histoire de notre civilisation est la migration du milieu rural vers le milieu urbain, on parle de 2 milliards de personnes depuis les années 60, soit 20X plus que la migration de la “périphérie du monde” vers le “cœur économique”.

• La conséquence fut une inondation de main d’œuvre bon marché dans les villes, couplée aux délocalisations et au progrès technologique qui a détruit une grande partie des jobs peu qualifiés.

Si vous cherchez à pointer du doigt un “coupable” à la perte des emplois peu qualifiés, il s’agit de la quête de profit infini du néolibéralisme et de l’homme (majoritairement blanc) qui souhaite faire grandir son portefeuille d’actions toujours plus vite, et payer toujours moins de taxes (à ce que je sache, aucune force de la nature nous a mené à une concentration massive des capitaux, ce sont des choix politiques et une croyance aveugle en un système qui ne peut malheureusement pas garantir à chacun de se nourrir correctement).

Enfin, il ne faut (malheureusement) pas s’inquiéter de la perte de dominance de la population blanche. Prenez l’exemple de l’Afrique du Sud, un pays où la population est majoritairement noire, mais dont la liste de Milliardaires est massivement blanche. La population blanche réduit en proportion sous l’effet de la natalité, mais leur prospérité ne cesse de croître. Cherchez l’erreur.

C’est un schéma récurrent que je vois dans notre société : stimuler la colère de la classe moyenne en pointant du doigt des bouc-émissaires, souvent les migrants, afin de détourner l’attention des inégalités croissantes et du taux dérisoire de taxation des ultra-riches. Une opération réussie pour Vincent Bolloré qui en rachetant iTélé (transformé en Cnews) et Canal (RIP les guignols) nous a inondé de personnalités d’extrème-droite à qui “il faut donner la parole”, notamment notre cher Renaud Camus qui tournait en boucle sur CNews à cracher son venin et normaliser le racisme, menant à l’avènement d’Eric Zemmour, et à une perception plus modérée de Marine Le Pen.

C’est le même mécanisme utilisé par les “extrémistes” écologistes qui jettent de la peinture sur la Joconde ou sur les murs du ministère : en montrant au grand public des actes extrêmes, ils espèrent faire bouger le curseur d’un comportement écologique modéré.

En d’autres termes : s’il y a des “tarés” qui font des grèves de la faim pour protéger des arbres, alors je vais peut-être manger moins de tomates en hiver ou prendre un peu moins souvent l’avion. Ou alors : si des gens sont prêts à voter pour un mec comme Zemmour qui parle de grand remplacement, je vais peut-être voter pour Marine Le Pen qui a compris le problème de l’immigration mais est tout de même plus modérée.

Idée reçue n°3 : Le futur de l’humanité est mixte - ✅ VRAI (et c’est une bonne nouvelle)

L’Homo Sapiens a beaucoup moins de diversité génétique que la plupart des espèces de chimpanzés, quand bien même leur population est faible et souvent en danger d’extinction. La raison est simple : ce n’est que très récemment que nous sommes devenus si nombreux. Il y a 100 ans, nous n’étions que 2 milliards d’individus sur la planète. Et vous connaissez sûrement l’histoire de Genghis Khan, l’empereur mongol du 13ème siècle dont la passion était de violer les femmes qui se trouvaient sur son passage. Il est estimé que 16 Millions d’individus aujourd’hui sont des descendants directs de cet homme.

La mauvaise nouvelle c’est que ce manque de diversité génétique va à l’encontre du principe d’évolution cher au Darwinisme. C’est la base de la théorie de l’évolution, le mélange racial est le seul moyen de s’adapter à un monde qui change, et aujourd’hui encore 10% des mariages dans le Monde se font entre individus de la famille proche (principalement pour des raisons religieuses ou de statut social). Pas la peine de vous rappeler le risque croissant de dégénérescence quand vous faites des enfants avec votre cousine.

S’opposer au métissage c’est s’opposer au progrès de l’humanité et à la capacité à développer des gènes qui nous permettront de nous adapter aux maladies et au changement de notre environnement. Croyez mois, je vis dans le Sud, et ma peau n’est clairement pas faite pour survivre ici…

Donc réjouissons-nous que l’humain du futur soit le produit d’une mixité qui est bénéfique pour notre survie en tant qu’espèce. Vous aimez les blondes aux yeux bleus ? Vous allez adoré les métisses aux yeux verts.

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Alors, de quoi débat-on ?

Mon ressenti est que le grand remplacement n’est pas un sujet de race (sauf pour les plus arriérés d’entre nous) mais un sujet de valeurs, de coutumes, de religion - principalement via des amalgames et une mauvaise perception statistique.

C’est OK de ne pas manger de jambon injecté de nitrites, de ne pas se mettre une murge chaque week-end, de faire cuire du maïs dans la rue ou de porter un chapeau folklorique pour se rendre dans un lieu de culte. 

Par contre le crime, l’intolérance, le non-respect des droits de l’homme et de la femme, la violence et la délinquance, ce n’est pas OK. Mais ce ne sont pas des caractéristiques liées intrinsèquement à la couleur de peau ou l’origine malgré ce que l’extrême droite essaye de nous faire croire. Ce sont des conséquences de la pauvreté, du manque d’éducation et de la désinformation, ici ou ailleurs.

Corrélation ne veut pas dire causalité. Donc plutôt qu’avaler les couleuvres de Renaud Camus, indignez-vous d’un système qui rend les riches blancs plus riches et les pauvres “autres” plus pauvres, en France comme à l’étranger. 

Malheureusement, le grand remplacement est un mythe, je dis malheureusement car ceux qui en ont fait leur cheval de bataille ont une contribution négative à la société et au progrès de l’humanité. Si seulement on pouvait les remplacer… 

La semaine dernière je suis tombé sur un article qui m’a vraiment secoué : l’inflation serait la conséquence d’une hausse soutenue des marges des entreprises. Alors que l’on nous répète en boucle ces derniers mois qu’elle est issue principalement de la hausse du coût des matières premières et des salaires.

On croirait à une tribune de Libération… Mais non, c’est un article de Reuters qui relate les dernières trouvailles de la banque centrale européenne. Alors que les salaires ont évolué moins rapidement que l’inflation (environ 5% de baisse de pouvoir d’achat en Europe en 2022), les marges opérationnelles des entreprises, elles, ont augmentés de plus de 10% !

Mais comment est-ce possible que les entreprises accroissent leurs profits dans un contexte de hausse généralisée de leurs coûts ? C’est simple, les entreprises ont intégralement reporté cette hausse sur les consommateurs, et ce faisant, se sont dit “bah tiens on va en profiter pour augmenter nos marges dans la foulée, ils n’y verront que du feu”. Et pouf ça fait de l’inflation.

Lors de la dernière conférence de notre chère Christine Lagarde, cette dernière a mentionné 14 fois la hausse des salaires comme un risque d’emballement de l’inflation. Les marges des entreprises ? 0 mention.

Franchement, de qui se moque-t-on ? Je soupçonne les banques centrales d’avoir peur d’avouer leur impuissance face à l’inflation. Car si le problème est l’opportunisme des entreprises, alors la BCE est impuissante car ses seules armes sont les taux d’intérêts et la masse monétaire en circulation, là où il faudrait une ingérence auprès des entreprises pour les empêcher de profiter du chaos.

C’est le capitalisme qui se mord la queue. Et au risque de paraître cliché, je n’ai pas vu cette info faire les gros titres, alors qu’on mérite vraiment de s’y attarder car c’est un changement de paradigme radical.

Merci à tous.tes celles et ceux qui m’ont offert un peu de leurs temps pour participer à mon enquête sur vos habitudes de consommation d’information. J’ai échangé avec une quinzaine d’entre vous et j’ai appris énormément de choses. Je vous fais un résumé de mes trouvailles lors de la prochaine newsletter, et ce que cela signifie pour la suite de Panacea Studio !

En ce moment nous passons beaucoup de temps à développer notre compte Instagram depandorabox.art où nous illustrons l’actualité de manière satirique avec l’intelligence artificielle, et cela paye ! Nous avons dépassé la barre des 1.000 abonnés et des propositions de podcasts et de collaborations commencent à émerger. Allez y jeter un œil si ce n’est pas déjà fait !

Enfin, le week-end dernier, nous sommes allez rendre visite à la famille de ma fiancée en Hongrie. C’est toujours un grand moment culturel pour moi, car pour rappel la Hongrie est dirigée par Orban Viktor, un populiste (ami de Zemmour et fan de la théorie du Grand Remplacement) et adepte de la propagande éhontée. Et une fois de plus ça n’a pas manqué ! Durant le trajet entre l’aéroport et Budapest, à peu près 3/4 des panneaux publicitaires affichaient un message qui m’a interpellé : “97% des Hongrois sont contre les sanctions Russes”.

Bon, il s’agit du résultat d’un sondage foireux auquel personne ne répond comme il sait si bien faire (genre “vous préférez mourir de l’inflation à cause de Bruxelles, ou vivre en harmonie et vous aimez les uns les autres”). Ce qui m’épate c’est le manque de courage politique flagrant de ce personnage. Plutôt que d’avouer que son pays est trop dépendant de la Russie, qu’il a choisi le mauvais allié commercial et que le pays doit prendre son indépendance énergétique ou se rapprocher de l’Europe (25% d’inflation en 2022 tout de même), il dépense l’argent du contribuable pour rappeler à tout le monde que le méchant dans l’histoire… C’est Bruxelles 😈 Sacré Orban ! Une fois de plus le peuple Hongrois se retrouve du mauvais côté de l’histoire, c’est triste parce que la nourriture là-bas est vraiment délicieuse.

Quand Pablo Escobar fut tué par la police en 1993, 4 hippopotames vivaient sur son ranch privé. 30 ans plus tard, 130 hippopotames vivent en Colombie, et sont tous descendants des anciens animaux de compagnie de Pablo…

Illustration issue de notre compte Instagram @depandorabox.art

Ces hippopotames se sont apparemment très bien adaptés au climat Colombien. Le problème, c’est qu’ils n’ont rien à faire là-bas. En l’absence de prédateurs naturels, ils deviennent très problématiques pour l’écosystème et le gouvernement local les a officiellement catégorisés en “espèce envahissante”.

Bonne nouvelle, des sanctuaires de la faune en Inde et au Mexique se sont portés volontaires pour adopter les créatures !

Surtout continuez à m’envoyer vos retours en répondant à cet email, et, ensemble, nous arriverons peut-être à imaginer une meilleure manière de s’informer. 🤗

Bisous,

Terence.

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