Faut-il arrêter de faire des enfants ?

3 idées reçues sur le problème de la démographie

Hello les amis,

J’espère que votre semaine fut riche en livraison de chars de combat et autres missiles longue portée (toujours pas de pénurie de papier toilette, donc pas de raison immédiate de s’inquiéter d’une 3ème guerre mondiale).

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Unboxing de la semaine : Le problème de la démographie

Après avoir parlé retraite, je souhaitais naturellement faire le point sur le sujet de la démographie, et en particulier l’opposition entre 2 théories apocalyptiques qui m’inquiètent :

• La théorie de la surpopulation : la dystopie favorite des films d’Hollywood où le monde est surpeuplé, épuisé en ressources, invivable, et les pires atrocités sont faites pour limiter le nombre de naissances. C’est aussi la théorie favorite de ceux qui s’inquiètent du réchauffement climatique sans vouloir changer leur mode de vie.

• La théorie de l’effondrement de la population : avec la baisse de la fécondité, la population pourrait se réduire, entraînant des déséquilibres économiques et sociaux importants. Contre-intuitive en apparence mais en train de prendre de l’essor sous l’alarmisme récurrent d’Elon Musk (qui tente d’ailleurs à lui tout seul de repeupler la planète avec 8 enfants au compteur).

Bon, j’espère que vous commencez à avoir l’habitude, on va voir ensemble que c’est jamais blanc ou noir.

Idée reçue n°1 : Le problème c’est que nous sommes trop nombreux sur la planète - ❌ FAUX

C’est ce que j’appelle la “pensée slogan” (ou “tagline thinking”, parce que ça sonne mieux en Anglais). Trop nombreux par rapport à quoi ? À quel moment a-t-on basculé dans la catégorie “trop nombreux” ?

Il faut bien avoir en tête les différentes variables de l’impact de l’Homme sur son environnement. Pour conceptualiser cet impact, on peut utiliser l’équation IPAT :

Impact = Population * Affluence * Technology

Ce que cette équation nous dit, c’est que l’impact de l’Homme n’est pas seulement lié à la population mais aussi à notre mode de vie (Affluence) et au progrès technologique. En bref, “toutes choses étant égales par ailleurs”, l’augmentation de la population est en effet un problème, si et seulement si on ne modifie pas notre mode de vie et qu’il n’y a pas de gains de productivité liés à la technologie. C’est un exercice de style, soit, mais essentiel pour éviter de tomber dans la caricature alarmiste (et réductrice) de la surpopulation.

En d’autres termes, si tout le monde souhaite vivre comme un Américain à technologie égale, nous sommes en effet trop nombreux, car les 10% des habitants les plus riches du monde sont responsables d’autant d’émissions de CO2 que les 90% les plus pauvres.

À visualiser avec la taille de la population de chaque pays en tête

Mais ce mode de vie est très loin d’être une fatalité ou un exemple, et le progrès technologique est une inconnue dans l’équation à ce stade.

J’ajouterai que toute forme de politique antinataliste met plus d’une génération à être effective, donc on ne peut pas stopper la natalité sur les 50 prochaines années (c’est ce qu’on appelle l’inertie de la démographie). L’urgence climatique est immédiate et nous concerne tous, en particulier les pays développés. Nous sommes devant le fait accompli, et discuter “surpopulation” est une distraction car on ne peut rien y faire (sauf recours à l’euthanasie massive qui j’espère ne fait pas partie de votre palette de solutions).

Idée reçue n°2 : Faire des enfants aujourd’hui n’est pas bon pour la planète - 🟠 FALLACIEUX

Alors oui, si l’on voit l’humanité comme un virus, faire des enfants est un acte incrémental de bioterrorisme (vous êtes d’ailleurs sûrement fiché S).

Une étude en 2017 évoquait que faire un enfant aujourd’hui revenait à injecter 60 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère, en utilisant notamment une logique mathématique très discutable qui veut que chaque individu soit responsable des émissions de CO2 de ses enfants et petits-enfants et que les émissions de CO2 resteraient stables au cours du temps. Votre arrière-grand-mère est donc une plus grande terroriste que Ben Laden.

Je vous renvoie cependant à l’équation IPAT, et également au livre d’Emmanuel Pont “Arrêter d’avoir des enfants pour sauver la planète” qui souligne que ce calcul ne prend pas en compte les modes de vie et la technologie. Sans oublier que “penser que la marge d’adaptation est le nombre d’êtres humains sur la planète, c’est s’aventurer sur une pente très dangereuse.”

Ce qui m’inquiète réellement, c’est la tendance grandissante à renoncer à la parenté pour des raisons, entre autres, écologiques. D’après une étude de l’IFOP en 2022 en France, 30% des femmes en âge de procréer en France ne souhaitent pas avoir d’enfants. C’est également quelque chose que j’entends de plus en plus autour de moi, notamment de la part de couples éduqués avec les moyens d’offrir une excellente éducation à leurs enfants. Or ce sont ces mêmes enfants (qui ne naîtront jamais) qui militeront dans le futur de par leur éducation pour un nouveau mode de consommation, et qui prendront part à l’innovation nécessaire pour atteindre nos objectifs de productivité.

En se concentrant sur la variable Population, on se tire une balle dans le pied pour agir sur les variables Affluence et Technologie.

Donc let’s go, arrêtez de culpabiliser, vous savez quoi faire ce dimanche. Il y va de l’avenir de notre planète, n’est-ce pas la meilleure excuse ?

Idée reçue n°3 : La population se réduit plus rapidement que prévu - ✅ VRAI

Les transitions démographiques, ce phénomène qui fait que la natalité se réduit naturellement avec la hausse du niveau de vie, se font plus rapidement que prévu :

• En Chine (1,28 enfant par femme), pour la première fois depuis les années 60 la population diminue. Sans parler des effets dévastateurs de la politique de l’enfant unique, qui fait notamment de la Chine le seul pays au Monde où il y a plus d’hommes que de femmes. La Chine pourrait d’ailleurs voir sa population divisée par 2 d’ici 2100.

• En Corée du Sud, c’est 0,81 enfant par femme en 2021 contre 2 enfants par femmes nécessaires pour renouveler la population.

• À l’échelle du monde, ce taux est en chute libre et est à présent à 2,3 enfants par femme (1,83 en France).

• Et la statistique la plus triste vient de Bloomberg, d’ici 2026 il y aura plus de ventes de couches pour personnes âgées que pour enfants.

On pourrait se réjouir d’un futur où le métro n’est pas bondé, les plages sont désertes, la concurrence sur le marché du travail est réduite, et la qualité de vie s’améliore.

Mais la démographie est une fuite en avant permanente, et le vieillissement de la population couplé au non-renouvellement des générations peut représenter une catastrophe économique et sociale à moyen terme :

• On en voit déjà les conséquences sur le déficit de notre système de retraites avec trop peu d’actifs pour soutenir les inactifs (ratio de dépendance).

• Une gérontocratie n’est pas souhaitable là où la jeunesse est porteuse d’innovation (c’est biologique, plus on vieillit, plus la plasticité du cerveau se réduit et donc la capacité à “think out of the box”)

• Un impact évident sur la cohésion sociale et la culture, qu’on observe déjà aujourd’hui avec un clash intergénérationnel.

De là à parler d’effondrement démographique, l’avenir nous le dira… Les adeptes de cette théorie sont plutôt inquiets du “Grand remplacement”. Car oui, la population majoritaire de ce siècle sera Africaine et Asiatique, et ces populations façonneront le monde à venir. Elles le feront chez elles, comme chez nous via l’immigration qu’on accueillera finalement les bras ouverts - comme on l’a accueilli après la seconde guerre mondiale lorsqu’on a manqué d’actifs pour reconstruire, et que le baby-boom n’avait pas encore fait effet.

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Alors, de quoi débat-on ?

On ne sait pas quelle sera la suite de la courbe, en particulier à l’aube de grands bouleversements sociaux et économiques. J’aurais tendance à dire qu’il est inutile d’épiloguer sur la variable démographique car nous ne la maîtrisons pas (et quand on essaye, ça finit mal).

Il reste cependant la question des politiques pro natalistes. Je penche plutôt en leur faveur dans les pays développés (ou en fin de transition démographique). Pourquoi ? Parce que la vie est un cadeau merveilleux, et que les personnes qui peuvent offrir une bonne qualité de vie à leurs enfants sont ceux qui en font de moins en moins (voire plus du tout). Je trouve ça triste, et j’ai un peu peur du scénario du film “Idiocracy”, une satire extravagante qui imagine un futur où le QI moyen de la population s’est effondré car les populations qui réussissent et peuvent offrir une excellente éducation à leurs enfants, ne font plus d’enfants.

Personnellement, je ferais autant d’enfants que ma femme voudra bien m’offrir et que notre situation nous permettra d’avoir, et je refuse de me sentir coupable.

Voilà, j’espère que vous y voyez un peu plus clair sur les enjeux démographiques, de mon côté je commençais à être confus et ça fait du bien de creuser le sujet.

Surtout continuez à m’envoyer vos retours en répondant à cet email, et, ensemble, nous arriverons peut-être à imaginer une meilleure manière de s’informer. 🤗

Bisous,

Terence.

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La pépite de la semaine (bonus)

En début de semaine nous avons publié sur nos comptes Twitter & Instagram des images générées en IA de “La terre est plate” avec une explication de comment débattre avec les “Flat-Earthers” (pour rappel, 6% des Américains ne sont pas convaincus que la Terre est ronde…)

Les commentaires de certains nous ont quelque peu inquiétés…

• “Encore un qui a fait un rappel du vaccin de trop”

• “La terre n’est ni ronde, ni plate, nous sommes dans un champ toroïdal où l’énergie est ralentie pour créer une 3ème dimension, protégé par le firmament tel que décrit dans la Bible”.

• “Quand on fait la somme des mensonges qu'on nous déverse, la seule chose qui est sûre c'est que ce n’est sûrement pas ce qu'on nous dit...”

Bon… Il y a du boulot les amis !

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